POUR L'AVENIR DU PAYS VITRYAT, IL FAUT FAIRE GAGNER LES NOBEL !

Lors de ses (décevants) voeux 2014, notre Président nous a annoncé un nouveau hochet pour les gogos au service du Patronat: "le pacte de responsabilité" qu'il présentera à sa prochaine conférence de presse. Il est bon, en ce 5ème jour de lutte à l'initiative de l'Intersyndicale CGT-FO-CFTC de NOBEL-AUTOMOTIVE à Vitry-le-François, de confronter cette extraordinaire et audacieuse idée avec la prosaïque et modeste réalité du terrain économique.

Comme si les 200 milliards d'€ d'exonérations fiscales et sociales et les 20 autres milliards de Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi (accordés sans condition ni évalution) ne suffisaient pas ! À vitry-le-François donc, l'usine NOBEL-Plastiques (qui produit des conducteurs de fluides pour l'automobile) a vu ses effectifs passer de 700 à 350 personnes, depuis le rachat  en juin 2007 par le Groupe turc ORHAN, le MITTAL de la plasturgie. Il n'a eu de cesse de délocaliser vers les pays de l'Est européen (Slovaquie, Roumanie), l'Asie et l'Amérique centrale, sans que l'Etat - interpellé depuis plusieurs années - n'intervienne. Depuis 2012, le groupe cherche à imposer à Vitry un PSE de 200 suppressions sur 4 ans. En octobre 2013, il a proposé un nouveau plan de 96 suppressions et les élus ont négocié pied à pied jusqu'à ce jour pour faire descendre ce nombre à 83, obtenir de meilleures indemnités de licenciement et garantir l'avenir du site.

Pour 2013, la Direction du site avait provisionné 3,8 millions d'€ de pertes. Les sacrifices des personnels, tant dans leur productivité que dans l'abandon de diverses primes sur leurs rémunérations, ont limité ces résultats à moins 400 mille. Dans le même temps, l'Etat (Arnaud Montebourg et l'ambassadeur de France) décorait Ibrahim Orhan dans l'Ordre de Chevalier de la Légion d'Honneur et lui attribuait 300 mille € de CICE. 

À la reprise du lundi 6 janvier 2014, l'Intersyndicale CGT-FO-CFTC lançait le personnel dans la grève illimitée et le blocage des entrées et sorties des productions destinées aux clients RENALUT, PEUGEOT et FORD: 90% des salariés de la production et 70% des autres salariés - notamment des bureaux - dans l'action. Avec leurs délégués syndicaux Christophe Munier, Jocelyne Ullrich et Thomas Beaujoin, ils ont contraint la direction à joindre le PDG en Turquie (le Directeur financier, Monsieur Millet, a pris l'avion) pour négocier en urgence pour permettre la livraison urgente de 150 pièces...

La Direction (le Directeur du site Monsieur Fabien Porignaux et son DRH Monsieur Xavier Padilla, ayant requis Maître Larcher) a cependant tenté l'intimidation et l'escalade en diligentant un huissier dès mardi 7 janvier, vers 16 heures. Le Secrétaire général de l'Union départementale CGT de la Marne, Jean-Pierre Langlet, accompagné d'une délégation de l'Union Locale CGT sont intervenus auprès de la Sous-préfecture (Madame Céline Hauuy, Secétaire générale) et auprès des élus - parmi lesquels Linda Munster, Conseillère régionale - pour faire avancer la réflexion et les décisions concernant l'avenir de la filière Plasturgie... Notons que sur la Zone Industrielle la solidarité est très active entre tous ceux qui la fréquentent et les grévistes. Jeudi 9 janvier au soir, les négociations étaient renouées et semblaient progresser rapidement sur un fond d'une détermination toujours entière des salariés.     

Le fonds de solidarité proposé par les représentants de l'Union locale CGT a également commencé a produire ses effets. Le Secrétaire adjoint de la CGT a remis au délégué syndical CGT un premier chèque du SDEN-CGT Educ'Action 51 accompagné d'un autre du syndicat CGT de l'Action Sociale pour une somme totale de 150,00€. Le syndicat CGT du CHG (à charge de revanche !) se propose pour une contribution de 450,00€, tandis que la CGT de CALCIA y ajouterait 200,00€. L'Union locale CGT proposerait 100,00€ à la décision de sa toute prochaine Commission Exécutive... Soient  900,00€ pour un premier geste qui mérite de nombreux imitateurs... dans l'intérêts des alariés les plus modestes de ce mouvement.

Pour tirer provisoirement les leçons de cette affaire, il est évident pour nous, que le véritable "Pacte de Responsabilité" existe déjà: ce sont les articles L. 1233-84 à L. 1233-90 du Code du Travail ! Celui-ci prévoit de prélever une "cotisation" d'un montant de 2 à 3 fois le SMIC par emploi supprimé pour chaque PSE d'un groupe d'au moins 1000 salariés. Ce prélèvement serait consacré à la revitalisation des bassins d'emploi impactés. C'est notre objectif de ressusciter le Comité de Marne-Sud le 27 janvier 2014 en réunion avec le Sous-préfet de Vitry-le-François et la DIRECCTE.

Cette bataille concerne plus de 1000 emplois en comptant les emplois induits. Il est capital pour nous de faire gagner les NOBEL et de montrer que le syndicalisme est bien l'organisation de la solidarité.

Jean-Jacques POIGNANT, Syndicaliste et militant du Front de Gauche, Vendredi 10 janvier 2014.

Comments

[NOSE 2 CHAMPAGNE]

COMME ON PEUT VOIR...

... sur la 1ère photo en partant du bas, les "patrons" aiment envoyer un huissier prendre en photo les participant au mouvement social pour mieux les réprimer après, mais ils n'aiment pas qu'on les prenne eux-mêmes en photo !

[NOSE 2 CHAMPAGNE]

UN GRAND BRAVO...

... à notre camarade Christophe MUNIER (DS-CGT) qui a été le pilier de ce mouvement.

[NOSE 2 CHAMPAGNE]

ILS ONT GAGNE !

... Pour autant que l'on gagne contre des groupes multi ou transnationaux... Qu'on en juge:

1. Du travail a été relocalisé pour 5 à 7 ans sur le site de Vitry-le-François, pour plus de 15 mille pièces de véhicules utilitaires;

2. Le nombre de postes supprimés dans le PSE (maintenu) est abaissé de 25 sur les 83 encore demandés à l'issue de la négociation du 17/12;

3. Les indemnités extra-légales sont portées de 2-3 mois de salaire à 12 mois, à quoi s'ajoutent 500€ par année d'ancienneté...

L'Intersyndicale CGT-FO-CFTC a décidé, après consultation du personnel, de cesser le mouvement et de reprendre le travail après 5 jours de grève bouchon totale.

Nous sommes heureux de cette issue provisoire pour nos camarades.

La vigilance et la solidarité restent de mise et ne doivent pas cesser.



Jean-Jacques POIGNANT